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A l'assaut d'un sommet vierge...



A l'assaut d'un sommet vierge
Vers la vallée cachée du Loha Peak (en plein milieu)

Le plus dur pour moi quand je décide de partir en haute montagne, c'est de choisir l'objectif parmi toutes les idées que j'ai et tous les massifs qu'il y a à découvrir.

En Décembre 2023, je dois reprendre le travail (en informatique) et l'idée de repartir au Népal - juste avant - faire une expédition assez tranquille, en le proposant à des gens qui ne sont jamais venus en Himalaya, me séduit. Le partage, n'est-ce pas une des composantes essentielles de l'alpinisme ? C'est aussi en adéquation avec les formations que je donne bénévolement au club alpin.


La décision prise, je passe des heures plongé dans des cartes, sur Google Earth, auprès de mon réseau, ou dans la lecture de récits d'expéditions, et je procède par élimination : si je souhaite partir avec d'autres personnes il me faut trouver un sommet pas trop haut, pas trop loin, peu difficile. Et en même temps, je souhaite faire un peu d'exploration, dans un coin peu ou pas parcouru, avec si possible un sommet vierge à la clé. C'est un peu chercher le mouton à 5 pattes...


monastere nepal ascension sommet
Monastère visité pendant le trek

L'Ouest du Népal qui m'attire nécessite d'avoir du temps, or je sais que passées trois semaines, peu de gens seront intéressés. Je finis par trouver une vallée intéressante du côté de Phugaon, en rive droite depuis le Tibet (je connais un peu la rive gauche). Puis en cherchant sur le net, je tombe sur un article de Paulo Grobel présentant quelques photos, dont une d'un sommet vierge, le Loha. Tentant. La photo montre une face qui semble abordable, même si pas mal de questions restent en suspens. Et d'autres sommets aux alentours offrent des solutions de repli en cas de mauvaises conditions. Le Pokhar Khang notamment, un 6000 abordable, qui pourra nous servir de sommet d'acclimatation, et nous permettre de "valider" un sommet, au cas où il n'est pas possible d'atteindre le Loha Peak.

Ca y est, l'objectif est fixé, reste à trouver des amateurs tentés par le projet.


Et à ma grande surprise, beaucoup de personnes se montrent intéressées. Est-ce le fait que je vienne régulièrement au Népal, qu'il y ait très peu de personnes qui proposent ce genre d'ascension en amateurs, que je parle de sommet vierge ? Peut-être un peu de tout cela et bien que je refuse plusieurs personnes que je ne sens pas "humainement" parlant ou qui n'ont jamais mis de crampons, nous nous retrouvons à 12, puis 14 avec l'arrivée d'un couple très expérimenté, Michèle et Antoine, que je ne peux refuser. D'expérience je sais aussi que des gens vont annuler au dernier moment ou me planter, et en fait non, tous me confirment leur venue.

J'ai souvent connu des tout-petits groupes, ce qui a son lot d'inconvénients.

Le fait que nous soyons un gros groupe présente pas mal d'avantages : s'il y a beaucoup de neige comme à l'automne dernier, nous serons nombreux pour faire la trace ; la méforme des uns ne compromettra pas la réussite des autres ; et la présence de divers sommets qui sont tout autant de possibles objectifs peut permettre la formation de divers petits groupes avec des objectifs et des niveaux différents. Je ne serai forcément donc pas seul à décider, ce ne sera pas lui devant et tous derrière comme j'ai parfois connu dans le passé. Bref, le groupe pourra vivre un peu sans moi, et tout cela me ravit. Ce sera aussi une nouvelle expérience de gérer un groupe aussi nombreux, et ce sera sûrement intéressant !

Etre nombreux permet aussi d'avoir quelques facilités au niveau du budget : nous aurons un bus privé réservé, le meilleur cuistot que l'on puisse avoir, toute une équipe népalaise aux petits soins pour nous au camp de base, un gros panneau solaire très performant, les lyophilisés en altitude, un caisson hyperbare, etc.


drapeaux nepalais camp de base ascension sommet nepal
Drapeaux népalais au-dessus du camp de base

Le trek est d'une incroyable beauté, et même si je l'ai déjà parcouru il y a deux ans, c'est un réel plaisir de revenir ici. Les sentiers ont même été aménagés, les passages les plus exposés ont été nettement améliorés. Comme un peu partout au Népal, on parle d'y amener la route...

Plutôt que de détailler jour par jour ce que nous avons fait sur place, je vais me contenter de quelques photos pour montrer le décor.



exploration ascension sommet vierge 6000m Népal

Pour ce qui est de l'objectif sportif initial, nous n'avons pas pu tenter le Loha Peak en raison des conditions. Une plaque est partie sur l'arête du Pokhar Khang alors qu'une partie du groupe y était en repérage. Toutes les pentes orientées Nord et Nord-Est étaient avalancheuses. Or c'était l'orientation de la face du Loha, des pentes menant au sommet du Pokhar, et de certaines pentes raides menant à la vallée secondaire du Loha. Je n'avais jamais connu une telle situation sans amélioration après plusieurs jours en Himalaya.



Il a donc fallu un peu meubler mais malgré tout nous avons pu nous rendre sur un sommet sans nom à 5800m, sorte d'antécime avant le Dada Nak (j'ai adoré y chercher un peu mon chemin même si l'itinéraire était évident). Certains ont ouvert un itinéraire en mixte sur un sommet secondaire en face du PokarKhang, d'autres ont effectué des ascensions faciles au-dessus du camp de base et du camp 1, et quatre d'entre nous sont descendus dans la vallée sauvage derrière le col pour trouver un autre passage. L'idée était aussi que la plupart vivent leur première expérience d'expédition, monter le camp 1 prévu entrait donc dans ce cadre.

Résumer une expé à une réussite ou un échec sur un sommet c'est forcément créer des insatisfactions.

Dès le 1er jour du trek, une longue discussion privée s'était engagée avec un des membres du groupe qui trouvait l'objectif trop dur et le niveau des participants trop juste, et attendait de moi d'être devant en mode "guide privé", ce que je ne suis pas. Rien de dramatique, et en tant que leader de l'expé, je sais que je risquais d'être l'objet de reproches ou de frustrations : c'est le jeu. Mais aussi tôt dans le déroulé du voyage, c'est la première fois que je vivais cela. On apprend de chaque expérience, et je modifie toujours ma façon de faire d'une expé à l'autre. Cela a forcément influencé la suite de l'expé...


arête sommet 6000m Népal
Où se trouve l'alpiniste sur cette photo ?!

Au final le bilan sportif est certes un peu décevant mais le bilan humain est clairement positif : j'ai aimé l'ambiance générale dans le groupe, nos échanges, les relations avec les porteurs et notre guide népalais qui nous accompagnaient jusqu'au camp de base, la petite fête avec eux à la fin du trek. J'ai aimé voir les affinités se créer, les petits groupes se former pour des sorties alpines à la journée, la solidarité entre tous pour tracer, porter..


Prévoir une ascension des mois en avance sans connaître les conditions c'est aléatoire et on perd souvent à ce petit jeu. Mais l'important n'est-il pas le chemin ? L'important n'est-il pas les rencontres, les paysages, savoir s'adapter, plutôt que de résumer un voyage à un sommet au risque de se priver de tout le reste ?

Je repartirai, bien évidemment, et ce dès l'été prochain au Gasherbrum2, sans renier mes principes, et sans faire de compromis sur le nombre de jours sur place. Et d'ici là, au boulot!


arete sommet vierge népal


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